Embâcles et débâcles
Récit historique des embâcles et débâcles, produit en collaboration avec la Société du Musée du Grand Châteauguay.
La petite histoire
Les premiers colonisateurs de Châteauguay s’installent à l’embouchure de la vallée riveraine afin de faciliter le transport et de bénéficier d’un climat et de terres propices à l’agriculture. Mais vivre en aval d’une rivière orientée sud-nord vient avec son lot de difficultés, puisque les eaux en amont se déglacent plus rapidement au printemps. Chaque crue printanière inquiète les habitants, car les inondations causées par les embâcles sont fréquentes.
En effet, les morceaux de glace créés par la fonte en amont de la rivière – la débâcle – s’entassent sur les obstacles et les rétrécissements de la rivière jusqu’à ce que l’accumulation des eaux fasse sortir la rivière de son lit. La glace accumulée déborde du lit de la rivière pour s’entasser contre les bâtiments adjacents, détruisant alors un peu tout sur son passage. Les inondés poussent un soupir de soulagement lorsque l’embâcle cède parce qu’elle annonce un assèchement prochain. Cependant, les propriétaires de bâtiments situés en aval du mur de glaces retiennent leur souffle. Les glaces portées avec vigueur par la crue des eaux provoquent aussi des effets fracassants.
Trois endroits
Historiquement, trois endroits sont particulièrement propices à la formation d’embâcles. D’abord, la digue du moulin de l’île Chèvrefils; ensuite, le saut de la rivière devant la rue Desparois; puis l’extrémité nord du bassin de la rivière, là où elle se sépare pour embrasser l’île Saint-Bernard. En conséquence, les environs du parc Valérie-Fournel, le village, Châteauguay Bassin et Châteauguay Station ont régulièrement été inondés au fil du temps.
Digue
Parmi les plus anciennes inondations répertoriées, celle du printemps 1855 fait d’importants dégâts aux abords de la digue. Les Sœurs Grises, propriétaires du moulin, remboursent les dommages aux habitants touchés. La trop grande hauteur de la digue serait en cause. La digue est abaissée lors de sa restauration en 1935 dans le but d’éviter la formation d’un embâcle.
Il y a aussi le traditionnel embâcle au «Sault Desparois» qui malmène le village. Pas moins de cinq ancêtres du pont Laberge sont emportés entre 1829 et 1886. Cette dernière année, le couvent des Sœurs de la Congrégation Notre-Dame est aussi abîmé, et le village est inondé. On retrouve les débris du pont dans la cour de récréation du couvent! L’épisode se reproduit lors de la crue de 1910, et le couvent est alors déménagé plus haut, pour éventuellement devenir l’hôtel de ville. Quant à l’ancien couvent, il est démoli et emporté par la débâcle quelques années plus tard.
Quelques dates
Le pont devant l’église emporté par les glaces.
Le pont devant l’église emporté par les glaces.
Embâcle à la digue du moulin et inondation.
Le pont devant l’église emporté par les glaces.
Le pont devant l’église emporté par les glaces.
Le pont devant l’église emporté par les glaces, le village est inondé.
Embâcle au «Sault Desparois» et inondation du village.
Embâcle au bassin et inondation de Châteauguay Bassin.
Embâcle au bassin et inondation de Châteauguay Bassin.
Embâcle au «Sault Desparois» et inondation du village.
Embâcle au «Sault Desparois» et inondation du village.
Note : Davantage d’inondations sont survenues que celles répertoriées dans cette chronologie. Les événements répertoriés ont toutefois laissé plus de traces historiques.
Le boulevard Salaberry Sud en 1973
(Photo : Jean-Charles Côté, coll. SMGC)
Inondation rue Saint-Jean, 1936
(Photo : Jean-Claude Lussier, coll. SMGC)
Les autorités travaillent aujourd’hui à prévenir les embâcles qui sont à la source des inondations. Si la dynamite a été utilisée par le passé, au risque de la vie
des dynamiteurs qui devaient parcourir l’embâcle instable, on fait appel depuis l’inondation de 1998 à l’aéroglisseur de la Garde côtière canadienne, qui libère
l’embouchure de la rivière, et à la grue amphibie – la «grenouille» – qui ouvre un chenal.
(Photo : Direction des communications et relations publiques)