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Découvrir Châteauguay

Embâcles et débâcles

Récit historique des embâcles et débâcles, produit en collaboration avec la Société du Musée du Grand Châteauguay.


 

inondation Boulevard Salaberry Sud 1973

La petite histoire

Les premiers colonisateurs de Châteauguay s’installent à l’embouchure de la vallée riveraine afin de faciliter le transport et de bénéficier d’un climat et de terres propices à l’agriculture. Mais vivre en aval d’une rivière orientée sud-nord vient avec son lot de difficultés, puisque les eaux en amont se déglacent plus rapidement au printemps. Chaque crue printanière inquiète les habitants, car les inondations causées par les embâcles sont fréquentes.

En effet, les morceaux de glace créés par la fonte en amont de la rivière – la débâcle – s’entassent sur les obstacles et les rétrécissements de la rivière jusqu’à ce que l’accumulation des eaux fasse sortir la rivière de son lit. La glace accumulée déborde du lit de la rivière pour s’entasser contre les bâtiments adjacents, détruisant alors un peu tout sur son passage. Les inondés poussent un soupir de soulagement lorsque l’embâcle cède parce qu’elle annonce un assèchement prochain. Cependant, les propriétaires de bâtiments situés en aval du mur de glaces retiennent leur souffle. Les glaces portées avec vigueur par la crue des eaux provoquent aussi des effets fracassants.

Trois endroits

Historiquement, trois endroits sont particulièrement propices à la formation d’embâcles. D’abord, la digue du moulin de l’île Chèvrefils; ensuite, le saut de la rivière devant la rue Desparois; puis l’extrémité nord du bassin de la rivière, là où elle se sépare pour embrasser l’île Saint-Bernard. En conséquence, les environs du parc Valérie-Fournel, le village, Châteauguay Bassin et Châteauguay Station ont régulièrement été inondés au fil du temps.

Digue

Parmi les plus anciennes inondations répertoriées, celle du printemps 1855 fait d’importants dégâts aux abords de la digue. Les Sœurs Grises, propriétaires du moulin, remboursent les dommages aux habitants touchés. La trop grande hauteur de la digue serait en cause. La digue est abaissée lors de sa restauration en 1935 dans le but d’éviter la formation d’un embâcle.

Il y a aussi le traditionnel embâcle au «Sault Desparois» qui malmène le village. Pas moins de cinq ancêtres du pont Laberge sont emportés entre 1829 et 1886. Cette dernière année, le couvent des Sœurs de la Congrégation Notre-Dame est aussi abîmé, et le village est inondé. On retrouve les débris du pont dans la cour de récréation du couvent! L’épisode se reproduit lors de la crue de 1910, et le couvent est alors déménagé plus haut, pour éventuellement devenir l’hôtel de ville. Quant à l’ancien couvent, il est démoli et emporté par la débâcle quelques années plus tard.

Quelques dates

1829

Le pont devant l’église emporté par les glaces.

1843

Le pont devant l’église emporté par les glaces.

1855

Embâcle à la digue du moulin et inondation.

1863

Le pont devant l’église emporté par les glaces.

1867

Le pont devant l’église emporté par les glaces.

1886

Le pont devant l’église emporté par les glaces, le village est inondé.

1910

Embâcle au «Sault Desparois» et inondation du village.

1936

Embâcle au bassin et inondation de Châteauguay Bassin.

1950

Embâcle au bassin et inondation de Châteauguay Bassin.

1973

Embâcle au «Sault Desparois» et inondation du village.

1998

Embâcle au «Sault Desparois» et inondation du village.

Note : Davantage d’inondations sont survenues que celles répertoriées dans cette chronologie. Les événements répertoriés ont toutefois laissé plus de traces historiques.

Inondation du Boulevard Salaberry Sud

Le boulevard Salaberry Sud en 1973

(Photo : Jean-Charles Côté, coll. SMGC)

Maisons inondées sur la rue Saint-Jean en 1936

Inondation rue Saint-Jean, 1936

(Photo : Jean-Claude Lussier, coll. SMGC)

Embâcles et débâcles - Aéroglisseur

Les autorités travaillent aujourd’hui à prévenir les embâcles qui sont à la source des inondations. Si la dynamite a été utilisée par le passé, au risque de la vie
des dynamiteurs qui devaient parcourir l’embâcle instable, on fait appel depuis l’inondation de 1998 à l’aéroglisseur de la Garde côtière canadienne, qui libère
l’embouchure de la rivière, et à la grue amphibie – la «grenouille» – qui ouvre un chenal.
(Photo : Direction des communications et relations publiques)

Photos de l'inondation - Rue Saint-Jean

Ce jour-là, pendant la messe du matin, le pont en face de l’église a été soudain emporté par les glaces de la débâcle avec un bruit affreux. Une partie des débris est venue s’amonceler devant le couvent et une autre s’est arrêtée devant la résidence de M. le notaire LePailleur. M. le curé Vinet eut à peine le temps d’achever sa messe. En quelques instants, nous eûmes deux pieds d’eau à l’étage inférieur de la maison. Il fallut transporter à dos d’hommes nos enfants, et même des religieuses, jusqu’à l’une des fenêtres, d’où elles purent monter dans les chaloupes qu’on s’était empressé d’aller quérir.
Photo de Annaliste du couvent
Annaliste du couvent
Extrait de son récit en 1886

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