Héritage des Sœurs Grises
Récit historique de l’héritage des Sœurs Grises, produit en collaboration avec la Société du Musée du Grand Châteauguay.
Châteauguay représente un lieu de préservation du patrimoine des Sœurs Grises. L’héritage qu’elles nous ont laissé est riche et remonte à près de trois siècles. Afin de le préserver et de le mettre en valeur, la Ville et des représentants des Sœurs Grises de Montréal se sont entendus en 2019 sur un projet visant le réaménagement du cimetière, de la grotte, de la croix et du grand escalier ainsi que la réalisation d’un parcours historique sur le tertre de l’île Saint-Bernard. Revoyons ici comment tout a commencé.
Les Sœurs Grises et la seigneurie de Châteauguay
La seigneurie de Châteauguay, achetée en 1765 par Marguerite d’Youville, a servi à nourrir les malades en cultivant ses terres très productives. Pendant longtemps, cette seigneurie fut le plus important lieu de la communauté après l’Hôpital général de Montréal. À la suite de l’abolition des seigneuries, les Sœurs Grises ont conservé l’île Saint-Bernard à Châteauguay et la Commune. En 2014, les trois dernières Sœurs Grises résidant à l’île Saint-Bernard ont quitté l’endroit, après 249 ans de présence de la congrégation dans la région.
Il y a quelques années à peine, la communauté a cédé la majeure partie de l’île dont elle était propriétaire au gouvernement du Québec, tout en s’assurant que le territoire soit protégé à perpétuité et accessible au public. Cette partie forme le refuge faunique Marguerite-D’Youville, nommé en l’honneur de la fondatrice des Sœurs Grises de Montréal. Le tertre de l’île Saint-Bernard, acquis quant à lui par la Ville de Châteauguay en 2011, demeure un joyau patrimonial qui fait partie des biens collectifs accessibles à tous.
La croix sur la butte
En 1832, au moment où sévit l’épidémie de choléra à Châteauguay, le curé de Châteauguay Pierre Grenier fait ériger une croix rouge sur la butte afin de conjurer le fléau. La maladie se résorbe. Pendant 20 ans, la population y vient en pèlerinage.
En 1854, Sœur Deschamps fait remplacer la croix par une rotonde de 18 pieds, soit un bâtiment de plan circulaire, avec un crucifix au centre.
Le 16 septembre 1891, on érige une autre croix de 7 pieds à la suite du renversement de la rotonde lors d’une tempête le 13 janvier 1890.
Le 8 avril 1922, la foudre brise la croix en place, qui sera remplacée. Le 19 janvier 1949, une tempête la démolit à nouveau et on procède à la construction d’une autre croix en fer forgé. Depuis le 20 mai 1953, la croix est illuminée la nuit. Il y a donc eu cinq croix.
La grotte
La grotte a été construite en 1957 en l’honneur de Notre-Dame de Lourdes pour la préservation de l’île Saint-Bernard, lors de la canalisation du fleuve Saint-Laurent pour la voie maritime. Les plans originaux voulaient que la voie maritime traverse l’île. C’est à force de prières et de négociations que les plans ont changé. Aujourd’hui, la voie maritime contourne l’île Saint-Bernard.
La construction de la voie maritime s’est étalée de 1954 à 1959. La voie maritime relie les Grands Lacs et le fleuve Saint-Laurent à l’océan Atlantique.
Le cimetière
C’est en mai 1896 qu’a été prise la décision d’enterrer les sœurs de la communauté en haut de la butte sur l’île Saint-Bernard. Le cimetière a été restauré en 1948 afin de placer des doubles tombes permettant d’enterrer un plus grand nombre de sœurs. Le cimetière est toujours présent au sommet de la colline de l’île.
Seules des Sœurs Grises y sont inhumées, à l’exception de deux orphelins, adoptés par les Sœurs Grises, qui ont passé leur vie avec les religieuses sur l’île et dont les pierres tombales se distinguent des autres. Les pierres tombales sont toutes identiques; il n’y a aucune hiérarchie. Les pierres plus hautes signifient qu’il y a trois religieuses inhumées au même endroit. Le 4 janvier 2000, on comptait 1 480 religieuses dans le cimetière. Elles ne choisissent pas leur lot, on les inhume une à la suite de l’autre. Elles possèdent également un lot au cimetière Notre-Dame-des-Neiges pour les gens défavorisés qui n’ont pas de famille. Marguerite d’Youville se trouve à la basilique Saint-Anne de Varennes depuis l’automne 2010.