Skip to content
Découvrir Châteauguay

Joseph Allard

Récit historique de la vie de Joseph Allard, produit en collaboration avec la Société du Musée du Grand Châteauguay.


 

Joseph Allard qui joue du violon sur un perron

Joseph Allard, fils de Louis Allard et d’Esther Duranceau, est né1 le 1er juillet 1873 et est baptisé deux jours plus tard en l’église Saint-Joachim de Châteauguay. Il commence à jouer du violon dès son tout jeune âge, grâce à son père, un pêcheur qui était aussi un violoneux de soirées. On dit qu’à neuf ans, Joseph jouait déjà des airs avec son père. À l’âge de 16 ans, il décide comme de nombreux autres Canadiens français d’aller tenter sa chance aux États-Unis, en Nouvelle-Angleterre, dans l’espoir de perfectionner son art et de trouver du travail. La chance lui sourit, il trouve du travail comme musicien, mais aussi dans la pêche commerciale; il sera tantôt réparateur de métier à filets, tisserand et menuisier. Joseph continue à jouer du violon, ce qui l’amène à côtoyer d’excellents musiciens d’origine américaine, écossaise et irlandaise. Ces rencontres lui permettent d’enrichir son répertoire musical d’airs traditionnels de diverses origines et de développer sa virtuosité et son style unique.

Un musicien renommé

À 25 ans, il a déjà participé à de nombreux concours et s’est démarqué en remportant plusieurs titres de champion violoneux (Massachusetts, New Hampshire, Rhode Island et Connecticut). Sa légende se répand, et bientôt on dit qu’il connaît par cœur plus de 2 000 reels!

C’est durant son séjour aux États-Unis que le 15 mai 1894 il épouse Alexina Couillard, aussi originaire de Châteauguay, et avec qui il aura des enfants. En 1907, il revient vivre à Montréal et participe à plusieurs concours dans lesquels il remporte souvent le premier prix. Deux ans plus tard, il retourne vivre aux États-Unis, où il est très demandé pour jouer du violon dans des soirées de danse et des galas. Le 31 mars 1912, son épouse meurt en couches ainsi que le garçon qu’elle portait, à Providence dans le Rhode Island. À peine quelques mois plus tard, le 16 novembre 1912, Joseph se remarie avec Joséphine Caissie, une musicienne d’origine acadienne. Il revient pour de bon s’établir au Québec en 1917, à Saint-Pierre-aux-Liens (Ville Saint-Pierre). Son épouse meurt peu de temps après, en octobre 1918, à Châteauguay. Il continue de jouer et de participer à des concours un peu partout dans l’est du Canada et le nord-est des États-Unis. Il aurait remporté plusieurs concours dans la région de Montréal et il termine en deuxième place au prestigieux concours de Lewiston (Maine) en 1926, où il représente le Canada. Durant quatre ans, de 1927 à 1931, Joseph Allard enseigne son répertoire et son style à celui que l’on surnommera plus tard Ti-Jean Carignan; ce dernier faisant le trajet à vélo chaque soir de la Pointe-Saint-Charles à Saint-Pierre-aux-Liens afin d’apprendre de celui qu’il admire.

Enregistrement de disques

Au Québec, pour une bonne soirée de danse, la présence d’un violoneux est indispensable mais parfois difficile à obtenir, puisqu’ils sont très populaires. L’invention du disque permettra à quiconque possédant un gramophone d’agrémenter ses soirées malgré tout. C’est à cette époque que la compagnie RCA Victor approche Joseph Allard, un des musiciens traditionnels les plus respectés du Québec, afin que celui-ci enregistre de 1928 à 1930 sous l’étiquette Blue Bird. Le succès est instantané, et c’est ainsi que la musique de celui que l’on présentait comme le «prince des violoneux» se diffuse rapidement aux quatre coins du Québec, augmentant du coup sa renommée.

Joseph Allard est couru partout en province pour animer des soirées de danse et d’autres événements. Il passe une partie de ses temps libres avec ses amis, le guitariste de Caughnawaga Fidel (Frank) Laforge et le danseur de claquettes Ti-Louis Aquin. Il continue de transmettre son répertoire et de faire des enregistrements, parfois sous le pseudonyme de Maxime Toupin, jusqu’en 1945. Malgré le fait qu’il grave plus de 75 disques «78 tours», son art ne suffit pas à faire vivre sa famille.

C’est pauvre et presque dans l’oubli qu’il décède à Châteauguay le 14 novembre 1947 à l’âge de 74 ans. Il est exposé chez sa fille Esther qui demeure à Châteauguay, et sa dépouille est inhumée dans le cimetière Saint-Joachim, dans la partie d’un lot d’un membre de sa famille, sans même une pierre tombale pour honorer sa mémoire. Son répertoire est aujourd’hui considéré comme la base de ce que tout bon musicien traditionnel doit connaître.


1 Joseph Allard est né à Woodlands, un hameau sur le territoire de l’ancien Châteauguay. Bellevue et Woodlands ont été détachés de l’ancien Châteauguay en 1914 pour devenir la Ville de Léry.


Joseph Allard, sa fille et un ami en 1930

Joseph Allard (à gauche) en compagnie de sa fille et d’un ami, en 1930.

Le style de Joseph Allard

Joseph Allard avait le geste léger, un coup d’archet souple et un doigté remarquable. Contrairement à la plupart des violoneux québécois de son époque, le style de Joseph Allard ne faisait pas grand usage de doubles cordes, mais s’apparentait plus au style irlandais. Il faisait un plus grand usage d’ornements mélodiques comme des triolets, des grupettoset des appogiatures.

Joseph Allard et 4 autres violoneux au concours international de Lewiston (Maine) en avril 1926
(Photo : Bibliothèque nationale du Canada)

Joseph Allard (à l’extrême gauche) était l’un des cinq violoneux choisis pour représenter le Québec au concours international de Lewiston (Maine) en avril 1926. Sur la photo (de gauche à droite) : Joseph Allard, Johnny Boivin, A.-S. Lavallée, Médard Bourgie et Ferdinand Boivin.

Joseph Allard qui joue du violon sur un perron

Anecdotes

C’est le Reel de Châteauguay qui jouait à l’auberge de Jos Malterre dans le radioroman Un homme et son péché.

Le Reel du pendu est un des reels les plus connus. Son origine est aussi ancienne que nébuleuse; il aurait été composé il y a plus de deux cents ans par un condamné à mort sur un violon désaccordé. La plus ancienne version connue est celle enregistrée en 1928 par Joseph Allard, et c’est d’ailleurs celle-ci qui est la plus jouée encore aujourd’hui.

Plusieurs pièces de son répertoire considérées par certains comme québécoises sont en réalité des adaptations de pièces américaines ou irlandaises auxquelles Joseph Allard a attribué un nom français.

Un parc situé sur le boulevard d’Youville, en bordure du lac Saint-Louis, porte son nom. La Ville de Châteauguay a ainsi voulu souligner le 50e anniversaire de sa mort.


TÉLÉCHARGER LE DOCUMENT PDF

Le site de la Ville de Châteauguay n’est pas compatible avec les versions d’Internet Explorer 11 et moins. Pour bénéficier d’une expérience de navigation optimale, nous vous invitons à mettre à jour votre fureteur grâce notamment aux options de téléchargement gratuites de Microsoft Edge et de Google Chrome.