Lucille Desparois (Tante Lucille)
Récit historique de la vie de Lucille Desparois, produit en collaboration avec la Société du Musée du Grand Châteauguay.
La petite histoire
Fille de forgeron née le 15 mars 1909, Lucille Desparois est une importante figure de la littérature québécoise, grandement reconnue comme écrivaine jeunesse. Personnalité marquante de l’histoire locale de Châteauguay, c’est avec tendresse qu’on la surnommait «la mère de tous les enfants du monde». Bien connue sous le nom de Tante Lucille, sa longue carrière aura nourri l’enfance d’innombrables Québécois.
Résidente de Châteauguay jusqu’à l’âge de 14 ans, Lucille Desparois demeure dans la maison de ses parents sur la rue Principale, près de l’église Saint-Joachim. Après des études primaires au couvent des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame (aujourd’hui l’hôtel de ville), elle poursuit des études supérieures à l’Académie Bourget. Son amour de la poésie et de la langue ne cesse de grandir et elle s’inscrit au Conservatoire Lassalle pour se spécialiser en diction et en art dramatique. Sa rencontre avec Jeanne Maubourg, comédienne de renom et enseignante d’art dramatique, éveille lentement chez Lucille Desparois sa vocation de conteuse.
Pendant plusieurs années, elle travaille comme secrétaire au gouvernement, tout en collaborant à des stations de radio et à des journaux montréalais. Encore loin du monde de l’enfance, elle fréquente pourtant la bibliothèque d’Hochelaga, première bibliothèque pour enfants à Montréal, en compagnie de sa nièce Micheline Quesnel. C’est à ce moment, vraisemblablement au contact de l’enfance et de ses mondes fantastiques, que Tante Lucille vient au monde.
Son premier recueil, intitulé Tante Lucille raconte, est publié en 1943 par la maison d’édition Granger. De 1945 à 1947, sept autres volumes suivent cette première parution. En 1948, l’auteure prolifique se voit offrir par Radio-Canada l’animation de l’émission du samedi matin Le coin des jeunes, qui portera dès son renouvellement le nom de Tante Lucille. Diffusée pendant 27 ans, cette émission marquera l’histoire du Québec, et nombreux sont ceux qui se rappellent, encore aujourd’hui, cette femme d’exception.
Grâce à sa connaissance du folklore québécois et du répertoire des contes merveilleux, Tante Lucille joue avec des histoires familières à l’imaginaire collectif
tout en y apportant une touche bien personnelle, inspirée de la campagne et de son enfance. Par exemple, dans ses histoires, Hansel et Gretel ne sont plus
séduits par la maison de friandises, mais plutôt par les fruits de la fée des fraises de l’île d’Orléans.
Son imagination fertile, son sens de la pédagogie et son ouverture d’esprit lui ont permis d’adapter le folklore au jeune public et d’ainsi contribuer à la transmission des contes anciens. Sa mort, le 21 octobre 1996, a certes laissé un grand vide, mais on se souviendra longtemps de son admirable carrière et de sa profonde passion. Inhumée ici même à Châteauguay, elle repose maintenant au côté de ses parents dans le cimetière paroissial de Saint-Joachim.
Quelques dates
Naissance de Lucille Desparois.
Lucille Desparois obtient son diplôme du Conservatoire Lassalle.
Publication de son premier recueil.
Premier épisode de son émission à Radio-Canada.
Mariage de Lucille Desparois et Gérald Danis.
Lucille Desparois obtient la médaille pour services éminents de l’Ordre du Canada, dont elle devient officière trois ans plus tard.
Dernier épisode de son émission à Radio-Canada.
L’Académie internationale de Paris lui décerne un trophée pour son enregistrement des Contes et chansons de Tante Lucille.
Décès de son mari.
Tante Lucille reçoit un certificat de mérite de la Cour de la citoyenneté canadienne en reconnaissance de sa contribution à la littérature enfantine.
Décès de son fidèle illustrateur, Paul-Marcel Martin. Cet événement met un terme à sa carrière de conteuse.
Hospitalisation de Tante Lucille pour des problèmes de santé.
Décès de Tante Lucille.
(Photo : Archives Radio-Canada)
Son enfance à Châteauguay a marqué à tout jamais l’imaginaire de Tante Lucille. Elle s’exprimait sur cette période avec beaucoup d’émotions et disait de sa jeunesse : «Nos plus beaux souvenirs ne sont-ils pas ceux de notre enfance, où tout était nouveau et magnifique pour notre jeune intelligence qui s’ouvrait à la vie… Je me rappelle toujours avec émotion mes premières années passées sur les bords de la rivière Châteauguay.»
Située au 43, rue Principale, la maison d’enfance de Tante Lucille a été construite par Arthur Desparois en 1800. Il y a eu ajout d’un étage vers 1900. Au fil des décennies, ce bâtiment a servi de bureau de poste, de boutique de forges et d’hôtel. Actuellement, le rez-de-chaussée est occupé par un salon de coiffure et de beauté.
En 1970, Lucille Desparois se voit décerner la médaille pour services éminents de l’Ordre du Canada.
Par son arrière-grand-mère paternelle, Lucille Desparois était descendante de Philippe Joseph Aubert de Gaspé, avocat, écrivain et seigneur de Saint-Jean-Port-Joli, né au 18esiècle et éminemment reconnu pour son roman Les anciens Canadiens, un des premiers romans québécois.
Les contes de Tante Lucille ont fait le tour du monde. La Maison hollandaise Mulder & Zonn a publié ses histoires en pas moins de neuf langues. Même les enfants aveugles ont pu lire certains de ses contes en braille.
Tante Lucille s’est mariée à Gérald Danis en 1956, à l’âge de 47 ans. Cette union tardive l’a comblée de bonheur, même si elle n’a jamais eu d’enfants. Lors d’une entrevue dans le Magazine des Vedettes, elle livre ce témoignage : «Quand j’ai rencontré Gérald, ce fut un véritable coup de foudre. J’ai été heureuse avec cet homme même si l’on n’a pas eu d’enfants.»